Carole Baillargeon, Quebec, Canada How does it feel to lose your
hair?
J'ai toujours pensé que la calvicie était
une préoccupation assez éloignée des femmes. J'ai
changé d'opignon lorsque j'ai visité la très touchante
exposition de Hannah Wilke, "Intra Vinous" présentée à
New York, en 1994, à la galerie Roanald Feldman.
Wilke avait documenté les transformations de son
corps suite aux traitements de chimiothérapie pour vaincre son cancer.
L'artiste était décédée avant la présentation
de cette exposition. Un des auto-portraits m'avait particulièrement
touchée. Wilke était photographiée des épaules
à la tête. Elle semblait tout juste sortir de la douche,
où elle avait peut-être été confrontée
à la perte de ces cheveux. Des mèches de cheveux étaient
mouillées et clairsemées sur le cuir chevelu. On ne pouvait
distinguer son visage. J'ai senti un tel sentiment de désarroi.
C'est à la suite de cette visite que j'ai réalisé
une oeuvre intitulée "La Douche de Cheveux."
Il vous est possible de voir cette oeuvre sur le site
Internet, Les Femmes Artistes au Canada -
Cette oeuvre évoque aussi la perte quotidienne
des cheveux lorsqu'on prend une douche. C'est un peu comme des trop pleins
de corps , des débordements qui se déposent non selement
dans la baignoire mais aussi sur les vêtements et au sol. D'après
mes observations, ces cheveux agiraient comme des structures dans l'élaboration
des minous (ces petites boules de poussière qui parsèment
parfois le plancher de mon appartement). Il y a une certaine fatalité
contenu dans ces poussières et sur la quelle, il n'existe aucun
contrôle.
What does it mean to cut your
hair?
Je considère la visite chez le coiffeur comme une
corvée. Lorsque mes cheveux me tombent dans les yeux, c'est le
signal incontournable qu'il faut prendre un rendez-vous chez le coiffeur.
En regardant d'anciennes photos, j'ai constaté
que les deux moments où j'ai eu les cheveux les plus courts coïncidaient
avec la fin de mon baccalauréat et la deuxième fois avec
la fin de ma maîtrise.
Ça m'a laissée une impression qu'il y aurait
peut-être un certain rite de passage inconscient ou, d'avoir assez
de soucis pour escamoter celui de l'entretien capillaire. Ou encore, l'ensemble
de ces réponses.
How does it feel to lose your hair?
I have always thought that baldness did not concern women.
When I saw the exhibition "Intra Vinous" by Hannah Wilke at Ronald Feldman
Fine Arts Gallery, New York City, I changed my mind.
Wilke had documented her body transformation caused by
cancer and chemotherapy. She died before the presentation of the work.
One piece struck me deeply. Wilke is photographed from the shoulders to
the head. She seems to have just come out of the shower, where she might
have been confronted with the loss of her hair. The strands are wet, thinned
out and divided all around her head, so that we can barely distinguish
her face. I felt a strong feeling of helplessness.
This piece "The Hair Shower" imposed itself on me, and
acts as a tribute. It conveys a fearful image, that of hair loss. It evokes
also the daily hair loss which represents for me the kind of excesses of
the body (trop plein de corps), found in the bath tub, but also on clothes
and every where on the floor. From observations, I guess that hair acts
as a kind of structure in the making of the rabbit-wool. There is a kind
of fatality contained in these bundles of dust, over which we have no control.
It is possible to see "The Hair Shower" on the Internet
at Women Artists in Canada - http://www.schoolnet.ca/collections/waic/cbai/cbai.htm
What does it mean to cut your hair?
I consider the visit to the hairdresser's salon as a duty.
It is more the conversation part that I dislike than the shampoo and the
cut part. When my hair is falling into my eyes, it is the inescapable signal
of the hair appointment.
Looking at old photos, I remarked that the two times I
had the shorter haircut coincided with the end of my BA degree, and the
second time with the end of my MFA degree.
>From these observations, I came to two hypotheses. The
first is that hair cutting might represent a kind of unconscious rite of
passage; the second is the impression that to have enough worries one may
evade as much as possible the capillary maintenance for a while.
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